
Linogravure
La linogravure est une méthode de gravure relativement jeune : le linoleum apparaît en Angleterre en 1863. À l’origine utilisé pour recouvrir les sols, c’est seulement en 1900 qu’il est détourné vers la gravure. Divers artistes du XXe siècle ont exploré ce matériau, mais c’est Picasso qui lui a donné ses lettres de noblesse, à travers une production pléthorique qui explore largement les problématiques de l’impression en couleurs. Il ne faut pas le confondre avec les sols plastiques (qu’on appelle souvent lino par abus de langage). C’est un matériau à base d’huile de lin, de poudre de liège, de gomme et de résine. Le tout, comprimé sur une toile de jute, formant une plaque de quelques millimètres d’épaisseur.
De par sa composition très homogène, le linoleum est facile à graver dans toutes les directions, contrairement au bois qui ne se grave pas de la même façon si on suit le sens des fibres ou si on est dans le sens perpendiculaire à ces dernières. Il présente également l’avantage d’être plus facile à imprimer et donne de beaux noirs intenses.
La linogravure fait partie des techniques de gravure en relief, ou taille d’épargne. On parle de taille d’épargne parce que l’on épargne le motif que l’on veut imprimer. Comme pour la gravure sur bois, il faut évider certaines parties de la plaque et encrer les parties intactes pour imprimer le motif créé.
On compte trois principales étapes de la réalisation d’une estampe : l’évidement des futures zones de blanc et le travail sur la plaque (la gravure proprement dite), l’application de l’encre (l’encrage), et enfin le transfert de l’image gravée sur le papier (l’impression, ou tirage).
Le dessin initial de la gravure sur la plaque apparaîtra en négatif, si on évide les traits noirs, ils apparaîtront blancs. Il sera également inversé façon miroir sur l’impression finale. Cela va de soi, mais les erreurs sont fréquentes, surtout pour le débutant, ou l’artiste qui manie plusieurs techniques !
La linogravure est réalisée à l’aide de gouges, outils coupants munis d’un manche qui permettent de retirer des copeaux de linoleum. Elles peuvent être de formes différentes : arrondies, droites, en V…
Généralement, après avoir reporté le dessin à l’aide d’un calque, ou dessiné directement sur la plaque de linoleum, le graveur commence par évider les contours, de façon précise, à l’aide d’une gouge fine. Ensuite, il évide les parties plus larges à l’aide d’une gouge plus grosse, tout en gardant à l’esprit que souvent, à l’impression, le sens de gravure et la gouge utilisée se verront : autour des motifs isolés, c’est à ces traces que l’on reconnaît une impression de linogravure. Elles font partie du charme de la technique, et nécessitent d’être prises en compte dès la conception du dessin.
Vient ensuite le moment de l’impression. Pour être imprimée, la plaque de linoleum va être encrée à l’aide d’un rouleau spécial, enduit d’une fine couche d’encre pour linogravure. Les encres utilisées sont variées, et peuvent être à base d’huile ou à base d’eau. Elles sont épaisses et sèchent lentement.
La plaque encrée est ensuite pressée, par simple pression manuelle ou à l’aide d’une presse, contre le support en appuyant fortement, de la façon la plus homogène possible. L’encre se dépose sur le papier… Et voici une estampe !