
Teinture végétale
Mon panier en cordes et les tribus indigènes Wounaan et Embera en partenariat avec Ethic & Tropic Corinne Bally, utilisent exclusivement une teinture végétale. Mais quel est le procédé ? On vous embarque dans leurs univers…
Depuis la nuit des temps l’homme colore sa peau ou ses vêtements à l’aide d’extraits tirés du monde animal ou végétal. Technique ancestrale, c’est avec quelques colorants seulement que commença la teinture dont les méthodes ne devaient guère se modifier au cours de plusieurs millénaires.
Les teintures industrielles contiennent des substances chimiques et sont donc polluantes pour l’environnement et pas terrible pour la santé. L’alternative idéale est donc de revenir à la teinture végétale ! En plus d’être respectueuses de l’environnement, les teintures naturelles sont une bonne façon d’obtenir des coloris uniques.
Cependant, uniquement les matières naturelles se prêtent à la teinture végétale, la fibre de coton et de chanvre pour Emilie de Mon Panier en Cordes, ou la Chunga, fibre d’un palmier de la forêt du Darién, région d’Amérique Centrale pour les tribus Wounaan et Embera.
L’indigo, une teinture bleue extraite de l’indigotier, est une des plus vieilles teintures connues : des traces en ont été retrouvées sur des vêtements tissés de l’Égypte antique !
Fleurs, fruits ou encore écorces… il est possible d’utiliser toutes sortes de végétaux. Voici les principales couleurs obtenues, toutes avec leurs différentes nuances (liste non exhaustive) :
- Jaune ou orange : pelures d’oignon, curcuma, feuilles de bouleau, bruyère, agrumes, artichaut, persil, safran, fanes de carottes, fleurs de camomille, érable, absinthe ou encore rhubarbe
- Rouge : fleurs d’hibiscus, raisin rouge ou pelures d’oignon rouge, racines de garance, cochenille élevée sur cactus nopal, cochenille de kermes vermilio ou vermillon, henné
- Bleu : indigotier, persicaire à indigo, Strobilanthes, feuilles de guède ou pastel des teinturiers, fleurs de lavande ou alors baie de sureau, baie de Clérodendron, mures, cerises, fraises, choux rouge, framboises, myrtilles, cassis, à chacun sa teinte !
- Rose : avocat
- Vert : épinard, fougère, thym, feuille de figuier, prêle, graines de caroube, baies de sureau
- Beige : betterave, thé, pomme de pin
- Brun à noir : brou de noix, café, chou, écorce de saule ou de bourdaine
- Pastel : pâte de pigments colorés aux tons clairs ; issu le plus souvent du minéral
- Violet : rose trémière noire, fleur de souci, bois de campêche.
Dans la forêt d’Amérique Centrale, les tribus Woonaan et Embera utilisent la pulpe de fruits ou de racines, mais aussi de copeaux de bois, feuilles, graines pour réaliser la teinture des fibres servant à la création des masques chamaniques.
- La racine de curcuma, appelée « azafrán » par les indigènes, donne la merveilleuse couleur jaune ambré ; la feuille deputchama (Arrabidae chica) donne, elle, un rose éclatant.
- Les tons de bleu sont obtenus avec le jus de la jagua, le même extrait que l’on utilise pour les peintures corporelles.
- L’achiote (Bixaorellana), une graine utilisée aussi en cuisine, donne un rouge éclatant.
- Le cocobolo, bois tropical, permet d’obtenir les tons de brun. En enterrant la fibre teinte plusieurs jours, elles transforment la couleur brune en noir profond.
Mais alors ? Comment procède-t ’on ?
Le mordançage, est la première étape à réaliser et consiste en la préparation du tissu à la teinture. En effet, pour que la couleur tienne aux lavages et résiste à la lumière, il est nécessaire de faire bouillir ses fibres dans de l’eau additionné de vinaigre blanc.
Ensuite pour préparer la teinture, il faut hacher les végétaux de son choix et les faire bouillir dans de l’eau afin d’obtenir une décoction.
Enfin il est possible de procéder à la teinture du textile. Pour cela, il suffit de mettre le textile dans la teinture et de faire chauffer à feu moyen en remuant pour que la teinte soit uniforme.
On laisser ensuite le tissu macérer pour qu’il s’imprègne bien de la couleur. Plus le tissu macère longtemps, plus le coloris sera foncé. Une fois le coloris désiré, le textile est retiré puis rincé à l’eau claire, essoré et séché à l’air libre.
La teinture végétale est donc source de patience, de création et fantaisie !